INTRODUCTION

La structure d'un processus discrétisé est rappelée ci-dessous.

 

Le processus continu est décrit par sa représentation d'état continue, il est piloté par le calculateur qui :

- élabore la loi de commande u aux instants k.Te

- traite la sortie y aux mêmes instants.

Le calculateur traite et élabore une suite de nombres. Les valeurs de la sortie sont liées à celles de l'entrée par une équation de récurrence qui dans le cas monovariable s'écrit généralement :

yk+n + an-1.yk+n-1 + ... a1.yk+1 + a0.yk = bm.uk+m + bm-1.uk+m-1 + ... b1.uk+1 + b0.uk

Remarque 1 : L'opération d'échantillonnage a pour effet de dupliquer le spectre fréquentiel Y(f) avec une périodicité de ( Cf. cours de systèmes linéaires échantillonnés ). Or, Y(f) peut comporter des composantes . Il y a alors chevauchement des spectres et dégradation de l'information. La condition de Shannon est respectée si 2.fh < , où fh désigne la fréquence de coupure haute du filtre d'antirepliement.

Remarque 2: Les avantages d'une structure pilotée par calculateur sont :

- Les lois de commande sont définies par logiciel; en conséquence, il est aisé de les modifier, même en cours de fonctionnement ( commande adaptative ).

- La commande élaborée au niveau du logiciel n'est pas sensible aux dérives ( effet des perturbations, du vieillissement, etc. )

- Le coût actuel des processeurs de signaux permet d'élaborer des lois de commande performantes à coûts réduits.

DISCRETISATION D'UN PROCESSUS CONTINU

Le processus est continu et invariant, il peut être décrit par sa représentation d'état ( indicée c ):

 

Compte-tenu de la présence du bloqueur d'ordre zéro, on cherche une description du système vu par le calculateur sous la forme d'une représentation d'état.

 

L'intégration de l'équation d'état d'un système continu conduit à ( Cf "Commande et optimisation des systèmes", Chap I, Annexe 1 ).

En intégrant cette équation depuis l'instant t = tk et en tenant compte du fait que la commande u(t) est constante sur l'intervalle Te = [ tk , tk+1 ],

En posant le changement de variable l = t - tk ,

Le processus discrétisé mis sous forme d'état discrète:

Et représenté par :

 

Après identification :

C = Cc D = Dc

Le calcul de exAc.Te peut être mené en utilisant la formule de Sylvester ( Cf "Commande et optimisation des systèmes", Chap I, Annexe 2 ).

Remarque : On peut rapidement calculer des valeurs approchées pour A et B en utilisant le développement de la dérivée au premier ordre,

devient :

Exemple : Soit le système continu étudié décrit par :

Ce système muni de son bloqueur d’ordre zéro cadencé à la période d’échantillonnage Te = 0,1s admet comme représentation d’état discrète :

Par la première méthode : On applique alors la formule de Sylvester ; on calcule les valeurs propres de Ac.

Soit l1 = -4 et l2 = -1.

tous calculs faits, avec Te = 0,1s :

Par la seconde méthode :

d'où :

LES FORMES COMPAGNES

Un vecteur d'état [ Xk ] évolue dans un espace de dimension n et son extrémité décrit la trajectoire d'état. Dans un espace donné, tout vecteur d'état [ X ] est lié à un autre par une relation du type:

Xk = P.Zk

P matrice de passage non singulière.

Il existe donc une infinité de représentations pour un même système. Certaines d'elles permettent d'alléger considérablement les calculs ou de mettre en évidence des propriétés du système. L’indice i désigne la représentation d’état obtenue après changement de base ( d, h et v pour diagonale, horizontale et verticale ).

Zk+1 = Ai.Zk + Bi.Uk

Yk = Ci.Zk + Di.Uk

 

Le système peut être décrit par une relation récurrente ou par sa fonction de transfert en z. Cette étude est restreinte au cas monovariable.

L'équation de récurrence :

yk+n + an-1.yk+n-1 + ... a1.yk+1 + a0.yk = bm.uk+m + bm-1.uk+m-1 + ... b1.uk+1 + b0.uk

La fonction de transfert :

 

Forme compagne horizontale

Comme dans le cas continu il est possible d'établir une forme compagne horizontale, cette forme facilite la mise au point d'une commande par placement de modes.

Le calcul de la matrice de passage procède de la même méthode que dans le cas continu ( Cf Commande et optimisation des systèmes , chapitre 1, § 4.2 ).

Forme compagne verticale

Elle facilite la mise au point des observateurs. Comme dans le cas des systèmes continus, elle a pour expression :

 

Le calcul de la matrice de passage P est mené comme dans le cas continu ( Cf Commande et optimisation des systèmes , chapitre 1, § 4.3 ).

Commandabilité - Observabilité

Commandabilité

Définition : Un système de vecteur d'état xk est commandable sur l'intervalle [ k0 ,k1 ] (multiple de Te ) s'il existe une commande uk sur cet intervalle permettant de faire évoluer l'état depuis un état initial quelquonque xk0 à un état final choisi quelquonque xk1 .

Pour la démonstration, on itère n fois l'équation d'état.

Xk+1 = A.Xk + B.Uk

Xk+2 = A.( A.Xk + B.Uk ) +B.Uk+1 = A².Xk + A.B.Uk + B.Uk+1

...

Xk+n = An.Xk + An-1.B.Uk + An-2.B.Uk+1 + ...B.Uk+n-1

Qui, sous forme matricielle s'écrit :

On peut déterminer la séquence des commandes permettant d'atteindre l'état Xk+n depuis l'état Xk si :

rang[ B, A.B,...An.B ] = n

Notons que si la matrice d'évolution des états est de dimension n, partant d'un état initial, l'état final sera atteint en au moins n coups. La séquence de commande est unique. Lorsque le nombre de coups d'horloge pour atteindre l'état final N > n, il est possible de déterminer une séquence de commande ui qui minimise l'énergie de commande.

Observabilité

Un système est observable sur [ k0 , k1 ] si la connaissance de Uk et Yk sur cet intervalle permet de déterminer la valeur de l'état initial Xk0 .

Il vient en itérant l'équation d'état :

Xk+1 = A.Xk + B.Uk

...

Xk+n-1 = An-1.Xk + An-2.B.Uk + An-3.B.Uk-1 + ...AB.Uk+n-3 + B. Uk+n-2

On obtient Yk en multipliant à gauche par C ,

Yk+1 = C.A.Xk + C.B.Uk

Yk+2 = C.A².Xk + C.A.B.Uk + C.B.Uk+1

...

Yk+n-1 = C.An-1.Xk + C.An-2.B.Uk + C.An-3.B.Uk-1 + ...C.B.Uk+n-2

Yk+n = C.An.Xk + C.An-1.B.Uk + C.An-2.B.Uk-1 + ...C.A.B.Uk+n-2 + B. Uk+n-1

Soit sous forme matricielle :

La connaissance des n valeurs successives de la sortie et de la commande permet la détermination de Xk à condition que :

rang= n

 

Remarque : Comme dans le cas continu la fonction de transfert ne conserve que les modes à la fois commandables et observables.

COMMANDE PAR PLACEMENT DE MODES

Le système est supposé commandable, la méthode de commande par placement de modes dans le cas discret est analogue à celle mise en œuvre dans le cas continu. On utilise avantageusement la forme compagne horizontale. Il convient de placer judicieusement les modes à l’intérieur du cercle unité pour garantir la stabilité et de bonnes performances dynamiques au système. La structure d'une commande par retour d'état est rappelée ci-dessous.

 

Soit le polynôme caractéristique de la matrice d'évolution des états du système non corrigé :

La correction a pour effet de modifier les modes du système( qui sont les valeurs propres de A ) :

Dans la base compagne horizontale et

Il convient ensuite de revenir à la base originelle.

Exemple

Soit le système discrétisé décrit par :

,

dont les modes sont : { 0,67 ; 0,9 }. Ils appartiennent au cercle unité et sont stables. On veut améliorer les performances dynamiques du système en lui conférant un comportement de type second ordre avec facteur d'amortissement réduit égal à 0,7 et une pulsation propre non amortie égale à 1 rad/s.

Polynôme caractéristique de la matrice d'évolution des états avant correction :

L'isox 0,7 et l'isown 1 permettent de déterminer la valeur souhaitée pour les modes du système corrigé.

 

Polynôme caractéristique de la matrice d'évolution des états corrigée :

d'où , il faut ensuite revenir à la base originelle.

Exemple

Un cas interessant, la commande pile ou dead beat permet un amortissement du transitoire du système en n périodes d'échantillonnage. Dans ce cas, le polynôme caractéristique de la matrice d'évolution des états du système corrigé est :

On élabore une commande pile pour l’exemple du § 2, soit

Le polynôme caractéristique de la matrice d'évolution des états du système non corrigé a pour expression : PA(z) = z² - 1,568.z + 0,6

On en déduit la mise sous forme compagne horizontale :

On cherche la matrice Kh telle que le polynôme caractéristique du système corrigé soit z². La matrice d’évolution des états désirés a ses coefficients a0 et a1 nuls.

Þ kh0 = -0,6 et kh1 = -1,568

Il convient alors d’appliquer la transformation : K = Kh.P-1 pour revenir à la base originelle.

On obtient bien une réponse pile comme le montre les chronogrammes. La rapidité du système est obtenue au prix d’une forte sollicitation de la commande. En pratique cette solution est rarement envisageable.

 

OBSERVATEURS DISCRETS

La mise en oeuvre d'un observateur dans la cas discret se fait comme dans le cas continu. On rappelle que les modes de l'observateur caractérisent la dynamique de l'erreur. Ils sont placés de telle sorte que celle-ci évolue plus rapidement que les états du système.

 

Remarque : On se souviendra que dans le cas des systèmes échantillonnés, les modes sont d’autant plus rapides qu'ils sont proches de l’origine, d’autant plus lents qu’ils sont proches du cercle unité.

Exemple

Réalisation d’un observateur identité pour le système étudié précédemment. On commence par mettre en évidence la dynamique du système en calculant les modes du système échantillonné. On rappelle que :

Þ p1 = -4 et p2 = -1 et Te = 0,1s

Þ z1 = 0,67 et z2 = 0,9

On choisit les pôles de l’observateur tels que celui-ci présente un comportement de type second ordre avec un facteur d’amortissement x = 0,7.

 

 

Þ zobs1 = 0,25.i zobs2 = -0,25.i

le polynôme caractéristique désiré pour l’observateur a pour expression :

Þ PA-LC(z) = z² +0,125 à identifier à :

Þ